Le logement encore plus inabordable

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSEDe 95 070 $ en mars, le revenu annuel brut nécessaire pour s’offrir une propriété vendue au prix moyen est passé en juillet à 110 900 $.

Le revenu brut annuel nécessaire pour devenir propriétaire a augmenté de près de 16 000 $ en quatre moi

ANDRÉ DUBUCLA PRESSE

Depuis mars, il en coûte beaucoup plus cher d’emprunter pour acheter une maison, ce qui rend encore plus inabordable l’accès à la propriété.

À Montréal, le revenu brut annuel requis pour se permettre d’acquérir une propriété vendue au prix moyen a augmenté de 15 830 $ en quatre mois. Avec les plus récentes hausses de taux d’intérêt, il faut maintenant compter sur un revenu annuel brut de 110 900 $, soutient une publication du courtier hypothécaire virtuel Ratehub.ca.

En mars, un revenu moyen de 95 070 $ suffisait pour pouvoir s’offrir la même maison-type.

Les calculs de Ratehub.ca reposent sur la capacité maximale d’emprunt des ménages. Il tient compte aussi des effets de l’évolution des taux hypothécaires et des prix de l’immobilier.

Le prix moyen d’une propriété dans la région montréalaise s’élevait à 546 800 $ en juin, un prix relativement stable par rapport à celui en vigueur au mois de mars précédent.

L’écart dans le revenu requis entre mars et juillet s’explique principalement par le test de résistance auquel doivent se soumettre les emprunteurs pour se qualifier pour un prêt hypothécaire.

Ce test est calculé selon le plus élevé des deux taux suivants : soit le taux contractuel du prêt plus 2 points de pourcentage ou 5,25 %. Jusqu’en mars 2022, le test s’effectuait en fonction d’un taux de 5,25 %. Maintenant, il se fait souvent avec un taux supérieur à 7 %.

Joint au téléphone, le porte-parole de Ratehub.ca soutient que le pouvoir d’achat des acheteurs potentiels est en train de s’effriter.

Depuis mars, le ménage qui se fait qualifier au maximum de sa capacité d’emprunt a vu son pouvoir d’achat reculer de 5 à 10 %. Par exemple, ceux qui pouvaient se permettre une hypothèque de 600 000 $ en février doivent se contenter d’une hypothèque de 540 000 $ cet été.

Philippe Simard, directeur hypothécaire Québec chez Ratehub.ca

« Les prix des logements devront baisser de manière significative afin de neutraliser les effets de la hausse des taux hypothécaires sur le test de résistance. Si tel n’est pas le cas, l’accessibilité au logement continuera d’être affectée de manière significative par l’environnement actuel de hausse des taux », dit M. Simard, dans le communiqué rapportant les calculs ci-dessus.

Hausse tous azimuts des taux

Depuis mars, le taux fixe 5 ans pour un prêt assuré, lequel est fonction des taux obligataires du gouvernement du Canada, est passé de 2,99 % à 5,14 % chez la plupart des grandes banques canadiennes, d’après Philippe Simard. Les prêts hypothécaires à taux fixe ont augmenté de 66 % en moyenne entre mars et juin 2022 seulement, souligne Ratehub.ca dans sa publication. Ces jours-ci, certains prêteurs virtuels proposent 4,39 % pour un taux fixe de 5 ans. Il faut voir les conditions.

Pour sa part, le taux variable pour un prêt assuré, lequel est basé sur le taux préférentiel, est passé de 1,40 % à 4,20 % chez les prêteurs habituels, toujours selon M. Simard.

Le taux directeur de la Banque du Canada, lequel influence directement le taux préférentiel des institutions financières, a commencé l’année à 0,25 %. Il est passé à 0,50 % en mars, puis à 1,0 % en avril, ensuite à 1,50 % en juin et à 2,50 %, le 13 juillet.

La semaine dernière, un économiste de BMO affirmait que la hausse de 100 points centésimaux de la Banque du Canada survenue en juillet était l’équivalent d’un coup de massue sur la tête des emprunteurs.

Certains appellent à une réforme. Par exemple, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) demande depuis au moins le mois d’août 2021 un assouplissement du test de résistance pour faciliter l’accès à la propriété.

Related Posts

Leave a Reply

EN FR