Fraude scientifique: l’occasion a fait le larron

La maladie d’Alzheimer est une des plus cruelles.

Dans les laboratoires du monde, on y consacre donc énormément d’argent et de temps.

C’est donc avec tristesse et stupéfaction qu’on apprend que le gros de la recherche depuis 15 ans… ne vaut rien.

Tricherie

Des millions d’heures et des milliards de dollars gaspillés en pure perte…

Le gros de la recherche des quinze dernières années explorait une piste : que la maladie serait provoquée par une accumulation de plaques amyloïdes sur les neurones.

Ne me demandez pas d’expliquer, j’en serais incapable.

Cette théorie fut dévoilée pour la première fois par des chercheurs de l’Université du Minnesota en 2006.

C’était LA théorie dominante, le chemin que tous empruntaient dans l’espoir d’aller plus loin.

On apprend aujourd’hui qu’elle reposait sur des chiffres falsifiés. Une enquête est en cours.

Vous vous demanderez peut-être : pourquoi un chercheur voudrait-il traficoter des résultats ?

Deux caricatures ont la vie dure à l’extérieur du monde universitaire.

La première est celle de l’universitaire dont le titre de « professeur » laisse croire que le gros de son travail est, comme pour un enseignant du secondaire, de donner des cours, encadrer des étudiants et corriger des travaux.

Faux ! La majorité des cours sont donnés par des pigistes. 

Les professeurs de carrière consacrent la majorité de leur temps à la publication d’articles scientifiques dans des revues spécialisées dont vous n’avez jamais entendu parler.

L’autre caricature est celle du « professeur Tournesol » : le scientifique distrait, lunatique, humble, coupé du monde, seulement intéressé par la « Vérité », travaillant en solitaire dans son modeste laboratoire.

Faux ! La recherche universitaire est un milieu ultra-compétitif, impitoyable si on vise son sommet.  

Les millions reçus par l’équipe de recherche X de l’Université A, ce sont des millions que n’aura pas l’équipe de recherche Y de l’Université B.

L’argent finance les salaires, les bonis, les promotions, les embauches, les projets, les voyages, etc., tout ce qui donne du prestige et du pouvoir.

Toute fraude est inexcusable : qu’on ne me fasse pas dire le contraire.

Les règles du jeu d’un système peuvent cependant aider à comprendre (pas à justifier) la plus ou moins grande tentation de tricher.

Dans le monde universitaire d’aujourd’hui, les réputations se fondent sur le nombre de publications scientifiques, sur la fréquence avec laquelle un auteur est cité par ses collègues, sur la qualité des revues dans lesquelles il publie, et sur la grosseur des budgets ou des équipes.

« Publish or perish », dit le milieu.

Tentation

C’est un système qui a d’évidents mérites, issu d’une longue évolution. On n’a pas encore trouvé mieux.

Mais cette emphase sur la compétition, si elle a la vertu d’être stimulante, est aussi porteuse de dangers.

En bas, des chercheurs en situation de précarité pourront être tentés de redresser leur position en trichant.

En haut, des chercheurs pourraient être tentés de défendre leur position dominante, qui n’est jamais acquise, de la même manière.

Related Posts

Leave a Reply

EN FR